vendredi 6 avril 2012

ESCADRON DE CHASSE 1/12 CAMBRESIS

SOUFFRIR de la "Mise en sommeil d'un escadron", - terme froidement réel, administrativement, mais bien impropre, - comme le souligne Achille Lerche, Général d'Armée Aérienne, dans l'opuscule dédié au soixantenaire de l' Escadron de Chasse 1/12 Cambrésis - pour une unité dont l'insigne est le tigre, est un sentiment si vif qu'il me semble que la pauvreté de mon discours ne parviendra, sauf quelques exceptions, à sensibiliser les quelques lecteurs de ce modeste mot.
Qui suis-je, à côté de mécaniciens, administratifs, personnels navigants et autres piliers, mémoires de l' Escadron 1/12 tels que le grand Major René GLAUME, pour exprimer une telle douleur ?
Ne dissimulons pas les mots derrière une pudeur de façade. Je suis persuadé que, dans le bref commentaire qu'il me plaît de voir que les concepteurs du même opuscule ont eu la clairvoyance et le respect de lui consacrer,  lui-même, le Major GLAUME, cache une douleur plus vive qu'il n'y paraît à le lire. Mais bien sûr qu'il gémit le vieux soldat et son cri en est témoin à défaut des mots qu'il ne peut dire : "TIGER, TIGER et à la CHASSE....Bordel !"














"Herr Major", je n'arrive pas à votre cheville, mais je partage votre souffrance et votre fierté. Je n'ai pourtant que le simple mérite d'avoir appartenu à une modeste unité portée au service des prestigieux pilotes que vous avez vous-même aidés à réaliser leurs missions mais, comme le vôtre, le cri du dernier Tigre dans le ciel Cambrésien m'a déchiré le coeur ce 30 mars dernier, à la hauteur de l'extraordinaire prestation qui nous a été offerte en guise de remerciement et d'adieu.
Je ne pense pas que le sous-officier responsable des relations publiques de la Base qui m'a invité à rejoindre mon rang, lors que je m'étais affranchi des règles de réserve à l'occasion de la cérémonie officielle du 30 mars, ait pu imaginer un seul instant quel état d'esprit m'avait poussé à me déplacer, avec le plus grand respect, au delà des limites du carré dévolu à ma qualité de simple invité.
J'ai voulu me mêler, au plus proche qu'il m'était possible, à l'esprit de l' Escadron 01/12 (The SPIRIT), à celui de la Base aérienne n° 103, à celui de l'Armée de l'Air tout entière dans laquelle j'ai servi plus de 24 années dans le même enthousiasme.













L'heure du début de la cérémonie approchant, je commençai mon petit tour pour immortaliser ce moment historique. Dans les tribunes officielles je remarquai la présence de plusieurs amis et autres collègues de travail. Je croisai également  le "Padre" qui accepta volontiers de poser devant le Rafale pour immortaliser l'instant.









La garde au drapeau attendait l'heure "H".


Peu à peu toutes les sections se mirent en place. L'une d'elles étaient composée du personnel officier et sous-officier de la Base aérienne n° 103, une autre était formée de militaires d' unités étrangères ayant participé aux exercices de l'OTAN avec les aviateurs de l'E.C. 01/12.




Le Général Martel, lui-même ancien du 1/12, accompagné des hautes autorités militaires et civiles, rendit les hommages aux drapeaux et fanions de l'Escadron de chasse. Ensuite le moment le plus poignant arriva. Le fanion de l'Escadrille  SPA 162 Tigre est appelé et remis à l'Escadron 1/7 Provence de Saint-Dizier puis celui de l'Escadron de Chasse 1/12 Cambrésis est appelé à son tour et roulé définitivement pendant que sur certains visages des larmes impossibles à retenir révèlent l'émotion qui bouillonne dans la poitrine de ces militaires blessés au plus profond d'eux-mêmes.
Lorsque la cérémonie fut terminée une démonstration aérienne époustouflante fut offerte dans le ciel Cambrésien. Des figures exceptionnelles furent exécutées en baroud d'honneur par un Rafale puis par un Extra 330. Une prestation extraordinaire qui, elle aussi, étreignit la poitrine de bon nombre de spectateurs. Un formidable adieu offert à cette région, à cette ville de Cambrai, dont les cieux connaîtront désormais un bien triste silence.
A la suite de ce magnifique spectacle tous les invités se rendirent dans le hangar du grand 1/12 où le lieutenant-colonel Jean-Luc Daroux, dernier commandant de l' Escadron, prit la parole suivi du Général Martel qui tenta de faire admettre que la modernisation des armées rend nécessaire la transformation de celle-ci même s'il est difficile de ne pas faire parler le coeur lorsque l'on est touché directement par de telles circonstances.

Au terme de ce triste après-midi de mars un rafraîchissement fut offert et chacun put, dans l'ombre des Tigres, parler du bon vieux temps avec des anciens collègues retrouvés pour la circonstance, admirer l'énorme frise qui retrace l'historique des NATO TIGER MEET et passer également dans les quelques stands pour emporter qui, un macaron, qui, une carte souvenir ou encore une superbe reliure de photos exceptionnelles sur le dernier NATO TIGER MEET 2011.
Je dois désormais tourner tristement la page d'une période riche en prestige et, avec tous ceux qui ne sont plus d'active, il ne me reste que l'amitié entre anciens de l'Armée de l'Air pour continuer à faire vivre en moi l'extraordinaire expérience de mon superbe métier.  

 VIVE L'ARMEE DE L'AIR

 ET A LA CHASSE, BORDEL !